Nicole Voilhes - Auteur de biographies romancées de couples célèbres du XVI siècle.

Le livre

Rien ne prédisposait Louise de Vaudémont-Lorraine, jeune fille très belle et très sage, à devenir reine de France. Bien qu'appartenant à la famille ducale de Lorraine, elle n'était pas fille de roi et Catherine de Médicis entendait bien marier son troisième fils aussi glorieusement que ses aînés.

C'était compter sans la personnalité d'Henri III: amoureux de Louise, il imposa son choix à sa mère qui admit très vite cette bru qui, jamais ne lui disputa le pouvoir.
Passionnément éprise de son époux, Louise traversa maintes épreuves à la Cour du dernier Valois, épreuves privées liées au tempérament trouble de son mari et épreuves publiques causée par les guerres de religion.

L'amour toujours présent dans le couple leur permit de ne pas sombrer dans le désespoir et d'accepter leur stérilité mutuelle. Il donna à Louise une raison de survivre à Henri et d'assumer sa réputation de "reine blanche".

L'ouvrage est un mélange de passages du journal intime de la reine où elle fait entrer le lecteur dans son intimité et de chroniques vues au travers de familiers de la Cour et de gens du peuple.

De l'espérance de ses vingt ans, aux désillusions de sa maturité, nous assistons aux heures sombres de son veuvage avec, comme dans toute vie de femme, des joies, des peines et un rien de mélancolie que les hommes et les femmes de notre temps peuvent partager s'ils réfléchissent à la vanité de notre condition.

Le buis et le myrte, plantes attribuées à Vénus, sont symboles d'amour fidèle et ardent.

Extraits

" Des mignons, il ne peut douter. Il est l'arbre sur lequel leur lierre a pris racine. Leur fidélité est sans faille et Henri les aime de cet amour qu'ils lui témoignent. "
La douce et blonde épouse qu'il a habillée et coiffée lui-même, montre semblable dévotion, semblable adoration. C'est bien, il a fait le bon choix, sa sour Claude l'avait, par lettre, conseillé à bon escient. Louise de Vaudémont ne ressemblait pas aux femmes de son temps et encore moins de la Cour. Il suffit, pour s'en convaincre, de voir son maintien modeste et sa retenue, malgré la somptueuse robe de soie dorée qui la pare. Elle irradie de joie sereine quand l'incarnat et le rire de gorge de Marguerite de Navarre rivalisent avec le velours vert de la belle Renée de Rieux qu'il vient de congédier et les yeux énamourés de Marie d'Elbeuf dont il a repoussé les avances. Ces femmes semblent se jeter en pâture à qui en veut.
Son épouse ne cherche à plaire qu'à lui seul et cette exclusivité enchante le roi.
A son arrivée à Reims, il avait été séduit par l'élégante simplicité de sa mise. Aujourd'hui, dans la robe nuptiale constellée de pierreries, elle lui apparaît comme le plus pur des diamants. Il va l'aimer, il se le promet, d'autant qu'elle s'est montrée charmante et si respectueuse envers la reine mère. L'impérieuse matriarche ne pourra rien reprocher à cette bru amatrice d'ombre..."

"Je me trouve si terne, si insignifiante que j'en arrive par moments à considérer qu'Henri est bien héroïque de résister à tant de charmes si complaisamment étalés. Qu'ai-je de plus que toutes ces femmes tellement plus belles ? A moins que mon époux ait compris que je l'aime pour lui, non pour ce qu'il représente et que cet amour, je l'ai chevillé au corps et pour la vie.
A ce jour, il m'a été aussi léger, aussi transparent qu'une mousseline."...

"Tout autour de la salle, en attendant que la danse reprenne, les mignons du roi se pavanent, en quête de bonnes fortunes qu'ils disputeront aux mignons de Monsieur qui, lui, a disparu, ayant, sans doute, réussi à trouver dans la foule des jolies femmes, celle sur qui jeter son dévolu d'un soir. La reine de Navarre quant à elle, fait fi de la surveillance de la reine mère et rit très fort en coulant des oeillades aux jeunes gens les mieux tournés, tout excités d'attirer l'attention d'une reine dont chacun sait que les plaisirs au lit ne lassent jamais.
Le spectacle de sa famille et de celui de tous ces gens qui savent si bien se prosterner devant lui, amuse Henri III au plus haut point. La mascarade de l'après-messe où certains ont eu un rôle à jouer n'était rien, comparée à celle qui se donne en permanence au Louvre et ce soir, particulièrement. Apprendre à bien feindre est le premier souci de tout bon courtisan, vient ensuite celui de bien se battre puis celui de plaire au roi, aux femmes ou aux hommes, ce qui ne peut que préluder à pension, fortune ou plaisirs.
Parmi les couleurs chatoyantes des pourpoints et des pierreries, les yeux du roi s'attardent sur le blond Quélus, au visage d'ange, qui lui contera demain, par le menu, le récit de ses exploits amoureux de la nuit avec quelque belle peu farouche. Henri III n'affectionne rien tant que faire l'amour par mignon interposé.
C'est tellement moins fatigant.
Et puis quand on a dansé à en perdre le souffle, il n'est pas possible d'aller retrouver la reine en son lit. Henri n'a pas la santé de Margot. La chère Louise comprendra. Elle comprend toujours.
Les parfums dont tous ont usé et abusé avant le bal se sont depuis longtemps dissous. Des satins et des velours fatigués, des corps en sueur, des têtes ivres de voltes, des esprits embrumés de vin, dans l'air lourd de la nuit de juin, c'est une fin de bal.
La lassitude est tombée sur la Cour de France. Seuls quelques enragés poursuivront leurs rondes sans se soucier des musiciens qui accordent leurs instruments pour honorer leurs engagements. Les musiciens de sa Majesté se doivent de ne pas montrer leur fatigue....."

Rencontres avec le Roman Le buis et le myrte - de Nicole Voilhes
Rencontres

 

Rencontres avec le Roman Le buis et le myrte - de Nicole Voilhes