Le Livre
Marie, fille de la terre d’Auvergne, vit son enfance dans les vertes collines livradoises et , en se mariant, elle passe le reste de son existence sur les pentes du Forez non moins vert.
Vie rude que celle que l’on mène en ces contrées au 19 ème siècle: dureté du climat, des travaux, des mœurs ancestrales.
Plus que l’histoire d’une femme et d’une famille, Marie du vert pays relate l’évolution de la société et l’ascension sociale de certains paysans enrichis. C’est aussi un hymne à la beauté d’une région qui a su préserver ses paysages et conserver un charme sauvage, celui des racines où chacun peut se retrouver.
Extraits
« Lourde est la lumière d’août. Du ciel chargé de nues obscures, elle descend diaphane, moite.
Des crêpes transparents voilent l’air chaud. Au profond des combes stagnent des nappes brûlantes.
Lourde, écrasante est la lumière d’août.
Au haut des monts, les sapinières pétrifiées et les hêtraies muettes égrènent l’émeraude de leurs fronts. Plus bas, au long des chemins, la versatile fougère, l’ivraie sauvage et le souple coudrier balancent leurs verdures.
Au vert pays, tout dort. »
« Fume la potée dans les écuelles, blondit le cidre au fond des tassous.
Le méteil, le froment, les bois, les communaux, les guerres et tous ces soucis des jeunes, les vieux, ça leur est bien égal.
Leur souci à eux ? La potée dans l’écuelle, la potée qui dégouline au fil des moustaches, sur les mentons usés, cabossés, rabotés par les ans.
Les guerres, les jeunes qui y meurent, ça leur est bien égal aux vieilles. Ne vont-elles pas mourir bientôt, elles ? Alors, pourquoi pas d’autres ? Leur souci ? Le cidre au fond du tassou, le cidre qui les fait rire soudain, rire des souvenirs du jeune temps, des autres noces, de la leur peut-être.
Le cidre tourne la tête des vieux mais une tête de vieux, ça tourne vite, il lui en faut bien peu. »
« Damien tiendra bon. Il s’accrochera à ses terres, à ses fermes.
Que lui diront Jean-Claude et Georges pour le décider ?
Ils lui rappelleront que les journaliers se font rares, que les jeunes ne veulent plus se louer, qu’ils trouvent plus avantageux de quitter le vert pays pour se faire ramoneurs ou chiffonniers en ville ou mieux, ouvriers dans les manufactures qui ouvrent un peu partout.
Damien traitera ces fous qui partent de fiers imbéciles, il leur prédira maints déboires dans les noires cités, il prendra Georges à témoin, il lui parlera des canuts de Lyon, des taudis sans air, de l’oubli dans l’alcool. Et il annoncera que le vert pays se repeuplera quand les Foréziens, lassés des villes, reviendront. »
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