Nicole Voilhes - Auteur de biographies romancées de couples célèbres du XVI siècle.
La mouche et le masque de fer

Le Livre

Ayant aidé Gabriel Nicolas de La Reynie à élucider l’Affaire des Poisons, Marie de Beaudry se trouve, bien malgré elle, confrontée à un mystère : les prisons d’État abritent un homme dont personne ne connaît l’identité.
Qui est-il ? Pourquoi est-il incarcéré ? Quel noir secret cachent Monsieur de Saint-Mars, le geôlier, le marquis de Louvois et pourquoi pas Louis XIV ?
De la forteresse de Pignerol dans les Alpes italiennes à la prison de l’île Sainte-Marguerite en Méditerranée en passant par le fort d’Exilles, la Mouche va suivre le prisonnier jusqu’à la Bastille où il finira ses jours.
Une vie semée d’embûches, riche d’aventures, attend l’héroïne qui mène son enquête à titre personnel.
Elle veut savoir et nous faire savoir qui est caché sous le masque de fer.
Mais... est-il possible de percer l’une des plus grandes énigmes de notre Histoire ?
Ce n’est pas une piste mais plusieurs qui s’offrent à la Mouche. À elle de trouver la bonne, celle du bon sens, celle de la vérité.
C’est à cette quête obstinée que la Mouche convie les lecteurs curieux de démêler les fils embrouillés d’une histoire passionnante.

Extraits

1. « Sorti de je ne sais où, un des valets de Saint-Mars m’a interpellée pour me demander si je ne m’étais pas perdue et pour me prévenir que les dalles de pierre, humides encore de la rosée nocturne, étaient glissantes et que je ferais bien de remonter vers un sol plus sec...
Philippe n’apprécie guère cette rencontre :
- Promets-moi de ne plus t’approcher de la tour d’en bas. Il y a là un secret que Saint-Mars n’a pas envie de partager avec nous... Après tout, le marquis de Louvois m’a demandé de visiter Pignerol, pas d’en percer les mystères.
Cette attitude n’est pas du goût de la jeune femme :
- Vieillirais-tu, Philippe de Beaudry ? Qu’est devenu l’intrépide chevalier qui semait la terreur chez les larrons parisiens ? S’est-il égaré en franchissant les Alpes ? Le secret de Pignerol, moi, je veux le découvrir... Il y a un prisonnier que Saint-Mars nourrit lui-même dans la tour d’en bas. Pour faire autant de mystères, c’est que l’homme est important et il pourrait bien se prénommer Eustache.
- Marie, comprenons-nous bien : qu’il s’appelle Eustache, Paul, Pierre ou Gédéon, je m’en moque. Qu’il croupisse au fond d’un cachot à tort ou à raison, ce n’est pas mon affaire. Ne prends pas de risques inutiles. Saint-Mars a un prisonnier secret, le marquis de Louvois et le roi le savent probablement. Vois-tu, à y bien réfléchir, on m’a envoyé à Pignerol non pour voir mais pour ne pas voir... Preuve que Saint-Mars remplit parfaitement la mission qu’on lui a confiée. S’il s’agit d’un secret d’Etat, ma mouche, par pitié, ne va pas t’y coller les pattes ».

2. « Marie est allée jusqu’au lit d’Artus pour y trouver Madame de Saint-Mars au chevet du blessé et lui faisant respirer un flacon de sels. Remède efficace, semble-t-il, car le vieux soldat a ouvert les yeux, il a reconnu Marie et quand elle s’est penchée vers lui, il a murmuré :
- Je... l’ai... vu... ce matin, Madame... quand la porte... s’est... ouverte.
La jeune femme, épouvantée par la plaie béante à la tête d’Artus, a voulu qu’il se taise et qu’il ménage ses forces. Dans un ultime sursaut, l’homme a tenté de livrer une dernière information :
- Il... était... à contre-jour... mais... j’ai... vu... ses traits... il... ressemble... au...
Marie ne saura jamais à qui Artus pensait car il est passé de vie à trépas avant d’avoir révélé la ressemblance du prisonnier ».

3. « Le lendemain, pour corroborer les dires de son époux, Marie-Antoinette de Saint-Mars a cru bon de raconter leur voyage depuis Exilles...
Une véritable épopée. Quel convoi ! Plusieurs chariots de meubles et de charrettes pour les serviteurs, plus la garde personnelle du gouverneur, les chevaux et...une chaise commandée pour l’occasion, portée par huit Italiens afin de véhiculer un prisonnier si important qu’on avait dû en clore les ouvertures par de la toile cirée fin de dérober l’homme aux regards. Un prisonnier exigeant qui avait eu le front de se dire incommodé par la chaleur et de s’en plaindre à Monsieur de Saint-Mars. A Marie qui s’étonnait d’un tel traitement, l’épouse du gouverneur a répondu le plus sérieusement du monde :
- Ah ! Mon amie, moi-même je ne connais pas l’identité de cet homme mais je peux vous assurer que mon époux y tient comme à la prunelle de ses yeux et qu’il n’a pas été trop content de devoir l’installer à notre arrivée à Sainte-Marguerite dans une cellule ordinaire. Rien n’avait été prévu pour des prisonniers exceptionnels, l’ancien locataire de la geôle où cet illustre inconnu a été placé pouvait sortir comme bon lui semblait. J’ai cru comprendre qu’on va aménager une pièce tout à fait sûre dès que possible. J’en ai conclu que ce doit être le plus grand criminel du royaume et j’ai grand peur qu’il ne s’échappe. Pensez ! Quel déshonneur ce serait pour mon époux !
Ce à quoi Marie, admirative, a ajouté :
- Mais quel honneur également pour Monsieur de Saint-Mars de se voir confier une telle responsabilité ! C’est la preuve que Sa Majesté éprouve une grande estime pour votre époux et vous devez, à juste titre, en être fière, mon amie ».

4. « Un homme debout, raide d’allure se présente ;
- Je me nomme Martin Le Fèbvre de la Marche, j’arrive de l’île Sainte-Marguerite que j’ai quittée pour n’y plus revenir. Madame de Saint-Mars m’a confié une boîte à vous remettre que vous auriez oubliée lors de votre départ. Je me souviens très bien de « l’accident » que vous avez subi, Madame, et je peux vous assurer que les hommes de la garnison ont peu apprécié le comportement du gouverneur à cette occasion. Cet homme est exécrable. Pour ma part, je le quitte avec plaisir, je n’aime pas la façon dont il traite les pêcheurs et les soldats, quant aux prisonniers...leur sort est pitoyable.
Marie ne peut demeurer insensible au dernier énoncé des méfaits de Saint-Mars, elle s’informe donc :
- Le gouverneur ne respecterait-il pas les règles en vigueur dans les prisons, Monsieur ?
Martin Le Fèbvre de la Marche ricane :

- Monsieur de Saint-Mars ne connaît qu’une règle, la sienne, il s’enrichit sur le dos des prisonniers qu’il nourrit peu et mal et...je peux bien vous le dire puisque je vais quitter le royaume : quand il est arrivé, j’ai vu à sa mine et à ses manières qu’il serait un despote, j’ai compris que c’était un tortionnaire au moment où il a fait sortir du bateau un homme mis à l’ombre de la cale et qui nous a glacés d’effroi à sa vue; le malheureux titubait comme s’il n’avait pas vu la lumière depuis longtemps mais le pire, Madame, le pire, c’est que son visage était recouvert d’un masque de fer. Vous rendez-vous compte ? Un masque de fer » !

Rencontres avec le Roman La mouche et le masque de fer de Nicole Voilhes
Rencontres

 

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