Le Livre
Trente-cinq chapitres content la flamboyante histoire d'amour de Louis XIV et de la marquise de Montespan et ce, de 1668 à 1681. La narration est assurée par la favorite elle-même, en alternance avec le roi et les témoins de cette passion partagée : Mademoiselle Des illets, Louise de La Vallière et Françoise Scarron, bientôt marquise de Maintenon.
En 1668, Louis XIV a trente ans, tout lui réussit tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du royaume, Françoise de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan, est incontestablement la femme la plus séduisante de la cour, la plus spirituelle aussi. Le roi réalise que cette nouvelle venue dans sa vie amoureuse peut parfaitement illustrer la gloire du Soleil.
Passionnément épris, il cèdera à tous les caprices de la marquise bien décidée à profiter des avantages de sa situation. Sept enfants vont naître de cet amour, sept grossesses qui déformeront le corps de celle qui, jugeant son prénom trop commun, se faisait appeler Athénaïs. Au fil du temps, le roi va se lasser de la belle qui cherchera à retenir son royal amant par tous les moyens, n'hésitant pas à user des talents des devineresses et empoisonneuses parisiennes.
Après l'enchantement des débuts de l'idylle et la routine d'une liaison officielle, la marquise, compromise dans l'Affaire des Poisons, voit décroître son pouvoir. Adulée en 1668, plus-que-reine les années suivantes, elle ne sera plus favorite qu'en titre en 1681 car Louis XIV sera alors tombé sous le charme d'une autre femme... Françoise Scarron, introduite à la cour par la marquise de Montespan qui n'a pas réalisé que Louise de La Vallière avait commis la même imprudence à son profit et qu'il ne faut jamais faire entrer le loup dans la bergerie.
L'Histoire, hélas, ne sert jamais de leçon.
Extraits
« Alors commença à naître en moi un sentiment inconnu : le désir. Ce que jamais mon époux ne m'avait permis d'imaginer, ce miracle d'une fête des sens, totale et partagée, me fit oublier la retenue qu'une bonne épouse, même mal mariée, doit observer.
Dans les bras du roi, j'ai connu l'ivresse, la volupté et une envie furieuse d'égaler Louis XIV, voire de le surpasser sur ces chemins où je découvrais chaque fois de nouvelles délices.
Il m'a fallu réaliser que j'étais amoureuse d'un amant exceptionnel et qu'il soit marié et moi de même m'était complètement sorti de l'idée. Loin de Montespan reparti en campagne et de mes enfants élevés en province, je ne vivais désormais que dans l'attente des étreintes royales.
Les ailes d'une ambition dévorante me sont alors poussées ; elles m'élèvent maintenant vers un sommet sans doute inaccessible, le cœur du roi. Et je veux plus. A vrai dire, je veux tout ce que peut m'apporter la condition de favorite déclarée et glorieuse de l'être. Que m'importent les flammes de l'enfer puisque si je parviens à mon but, j'aurai joui du paradis sur terre. »
« Avant de s'éclipser, la favorite entend profiter du royal aveu pour, mine de rien, obtenir une faveur supplémentaire :
- Louis, Madame Scarron annonce sa visite pour demain. Elle va encore nous conter par le menu les moindres progrès des enfants...
- Et tu t'en plains ? Moi, je suis ravi d'être tenu au courant des sourires de l'un, des premiers pas de l'autre. Cette gouvernante est une femme admirable, elle donne à nos chers petits tout l'amour dont ils ont besoin, Françoise, et je lui en sais gré. Madame Scarron a un cœur de mère et cela, c'est irremplaçable. Aussi, mon aimée, ne t'en déplaise, nous la recevrons et tu me causeras grand plaisir en étant aimable avec elle.
Sourire aux lèvres mais fort dépitée, Madame de Montespan s'esquive non sans lâcher :
- Il en sera fait comme le souhaite Votre Majesté mais aujourd'hui, je serais bien incapable de recevoir qui que ce soit…J'ai un mal de tête qui va, je le crains, me contraindre à fermer la porte de ma chambre à tout visiteur quel que soit son rang.
La marquise sortie, le roi réalise qu'il n'a jamais été aussi faible face à une femme et qu'il n'est pas payé de retour par Françoise-Athénaïs. Mais le moyen de faire autrement ? Elle lui donne tant de satisfactions ! Satisfactions publiques dues à la beauté triomphante d'une favorite dont parlent toutes les cours d'Europe et satisfactions privées : la belle est une maîtresse voluptueuse qui lui offre, quand elle y consent, des nuits dont il n'avait pas idée avant de la connaître. »
« Quotidiennement, le roi passe de longs moments avec la gouvernante de nos enfants et j'enrage !
Quoi ! Cette bigote, de cinq ans plus âgée que moi qui me doit sa position à la cour est au mieux avec le roi. Comme ils ne peuvent parler des enfants pendant des heures, je me demande ce qu'ils se racontent et surtout comment cette prude toujours vêtue de couleurs ternes, des gris souris, des taupe, des bruns passés, peut retenir l'attention d'un homme qui apprécie le rouge, l'or, tout ce qui brille. Autant imaginer le jour avec la nuit ou une lune blanchâtre au côté d'un soleil resplendissant.
Incroyable mais vrai, la marquise de Maintenon a l'oreille du roi, le moindre de ses propos fait figure d'évangile et sa position est si connue de tous qu'une cour d'affidés la suit partout pour quêter ses conseils, le Père de La Chaise prône la parfaite sagesse de la dame, Bossuet chante ses louanges et la reine Marie-Thérèse l'honore de son amitié.
Il y a là de quoi méditer de la Fortune. »
« Qu'en pense Votre Solidité ?
Louis XIV scrute le visage de Madame de Maintenon afin de découvrir le moindre signe de déplaisir sur des traits qui lui sont devenus familiers.
Selon son habitude, l'interpellée prend le temps de réfléchir avant de répondre, ce qui a le don d'impatienter le roi :
- Enfin, Françoise, me direz-vous si la Marquise a, selon vous, commis les horreurs qu'on lui impute ? Vous la connaissez de longue date…Pensez- vous qu'elle ait eu commerce avec le diable ?
Madame de Maintenon sursaute :
- Non, Sire, cela ne se peut pas. La Marquise ne fait pas mystère d'être allée chercher des eaux pour le teint chez la femme Voisin et qu'elle vous ait fait absorber des philtres aphrodisiaques, c'est plausible. Mais les messes noires, non. Les devins qui ont livré son nom à Monsieur de La Reynie ont menti.
- J'aimerais le croire, Françoise, j'aimerais le croire. Cependant, personne ne m'en apportera la preuve. Comment éviter le scandale si la France a vent de la rumeur ? J'aurai été épris d'une criminelle et j'en aurai eu sept enfants sans subodorer ses méfaits ? Belle gloire en vérité !
Madame de Maintenon a eu le temps de peaufiner son discours :
- Sire, épargnez-vous un éclat qui ne vous grandirait pas et qui rejaillirait sur nos petits mignons…Ne pouvez-vous étouffer dans l'œuf cette sotte affaire ? Monsieur de Louvois comprendra vos raisons et il se fera fort d'expliquer à Monsieur de La Reynie que ses accusations ne reposent sur rien de tangible. »
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