Le Livre
Anne de Loudérac, jeune chrétienne vivant à la cour de la reine Sibylle à Jérusalem, est contrainte à l’exode lorsque la ville est reprise par Saladin qui a réussi à fédérer les musulmans.
Dès lors, la vie de la jeune fille prend un chemin imprévu. Une rencontre, celle d’un conseiller de Saladin qui lui porte assistance alors qu’aucun chrétien ne lui venait en aide, lui permet d’espérer que le bonheur l’attend à Damas.
La menace d’une troisième croisade va bouleverser l’existence quiète dont elle jouit : la guerre va reprendre et l’incertitude du lendemain s’invite avec un nouvel exode prouvant que les fous de Dieu des deux religions ne connaissent pas la tolérance.
Extraits
1. « À La morosité a tout loisir de s’accroître car depuis Hattin, Ascalon et Gaza, terre des Templiers, ont capitulé. Pire, des bandes armées envoyées par Saladin ont pris Bethléem et s’il reste encore aux Francs
quelques villes côtières, ce n’est qu’une question de temps. Bientôt elles tomberont à leur tour comme tombera Jérusalem puisque le sultan a fédéré demain de maître sous sa bannière tous les musulmans
qui ne pensaient auparavant qu’à se battre entre eux…
…Dans le monde du douzième siècle, n’avoir ni famille ni fortune est une tare dont on ne se débarrasse pas facilement. »
2. « Si te garder chez moi ferait mon bonheur, je n’ignore pas que, dans nos communautés respectives, personne n’admettrait qu’une femme vive sous le toit d’un homme qui n’est pas son parent. C’est stupide mais c’est ainsi, nous n’y pouvons rien. Nos convictions religieuses ne sont pas en cause ; les traditions, l’abus qu’on en fait nous mènent à une impasse. Bien sûr, il y a toujours moyen de s’en arranger, on peut inventer un lointain cousinage mais tu peux difficilement passer pour une descendante de Saïd, ta blondeur, ton teint de nacre, l’azur de tes yeux et ta religion seraient peu crédibles. Au mieux on en jasera dans les rues de Damas, au pire, tu ne seras plus mariable puisque tout un chacun pensera que je t’ai mise dans mon lit. »
3. « Tu connais mon attachement à Saladin, homme fort estimable à bien des égards mais à Tyr, il n’était plus lui-même, à croire que la prise de Jérusalem lui avait enflé la tête, il devait imaginer que plus aucune ville ne lui résisterait. Les émirs qui étaient encore à ses côtés
ont épuisé tous les arguments susceptibles de lui faire lever le siège, en vain. De guerre lasse, beaucoup sont repartis avec les survivants de leur troupe. J’ai espéré que le sultan comprendrait, il n’a rien voulu admettre : au nombre de nos blessés dont les médecins lui rendaient
compte tous les soirs, il est demeuré insensible. Et insensible il s’est
montré devant les départs quotidiens des émirs, la pénurie de nos vivres et les rapports des espions quant à la menace d’une nouvelle croisade… Saladin avait sa vérité, aucun raisonnement ne pouvait l’atteindre tant il est vrai qu’il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut rien entendre.
4. « Anne-Nour s’ancre dans la conviction que les plus belles pensées ne sont rien si on les compare au réel, le simple bonheur du quotidien, certes bien terre-à-terre : voir grandir ses enfants, avoir sa subsistance assurée, apprécier le confort de sa maison, les fleurs de son jardin, admirer la couleur du ciel, le sourire du marchand derrière son étalage, la saveur d’une grenade, le croquant d’une amande, le soyeux d’une étoffe, la conversation même banale d’une amie… N’est-ce pas plus important que les théories philosophiques aussi admirables soient-elles ? Personne n’a envie de réfléchir à la condition humaine. »
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